Réveillon en Corse : les professionnels déplorent « des annulations en cascade »

 À la veille de la Saint-Sylvestre, les carnets de réservations des établissements corses sont loin d'être pleins. « Il y a des annulations en cascade », déplore Fred Ruiz, représentant de la branche restauration de l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) de Corse, et lui-même propriétaire d’un restaurant. En cause : l’explosion des contaminations  qui touche la Corse. « Il y a de nombreux cas contacts et des personnes malades qui nous appellent pour annuler leur soirée », explique le représentant de l’Umih. Du côté des bars et restaurants eux-mêmes, l’augmentation des cas de Covid-19 ainsi que des cas contacts parmi le personnel force certains établissements à rester porte close, selon Fred Ruiz.

Par ailleurs, les différentes restrictions, et notamment la fermeture des bars et restaurants à une heure du matin, dissuadent de plus en plus de clients de passer leur soirée dans un établissement. « Beaucoup de gens disent qu’ils feront finalement le réveillon chez eux », indique Fred Ruiz. Ce qui laisse penser au représentant de l’Umih que les décisions gouvernementales et préfectorales pourraient bien avoir des effets pervers sur la santé publique. « Les mesures de restrictions ne vont pas empêcher les gens de faire la fête, ils la feront chez eux, c’est tout. Donc, à part impacter notre filière, cela n’aura pas d’effet et cela ne va pas empêcher les contaminations », argumente-t-il.
 
Pour Fred Ruiz, ces « mesurettes inadaptées » placent le client et le commerçant dans des situations « abracadabrantesques ». « Nous sommes des professionnels, nous effectuons les contrôles, nous espaçons les tables, nous mettons du gel hydroalcoolique, nous demandons aux clients de mettre les masques lorsqu’ils se lèvent », énumère-t-il. Or, à domicile, il est évidemment peu certain que de telles règles seront respectées. « Par la restriction, on peut avoir un effet inverse à celui que l’on souhaite », assure Fred Ruiz.

Un peu désabusé, lui-même a décidé de ne pas faire de soirée pour la Saint-Sylvestre dans son établissement de Biguglia. « Nous nous sommes posé la question de savoir si nous allions organiser quelque chose, et puis finalement, nous nous sommes décidés un peu avant les annonces. », raconte-t-il. La décision n’a pas été prise de gaité de coeur. Dans un contexte économique déjà « compliqué », de nombreux établissements misaient sur le réveillon pour se rattraper de mois difficiles. « C’est une des plus grosses soirées, très attendue par les restaurateurs et vu le contexte ce n’était pas négligeable, étant donné la baisse de fréquentation que nous subissons. » Ces dernières semaines, comme d'autres professionnels, Fred Ruiz avait déjà dû faire face à une vague d'annulations de repas de comités d’entreprises et de fin d’année. « Tout cela a un impact énorme sur le chiffre d’affaires. »

« En résumé, il y a plusieurs paramètres qui font que la soirée est vouée à être entachée, en termes de rentabilité », prédit le restaurateur. « C’est une déception supplémentaire, mais nous commençons à être habitués », conclut-il, amer.